Victime des derniers combats de la Libération de 1944, Henri POITOU est tombé au bois d’Hattecourt où une stèle est érigée.
Henri POITOU est né le 6 août 1905 à Arras. A l’époque, son père Augustin et sa mère (née Elise MATHYS) tenaient le café de La Madeleine sis rue Paul Doumer à Arras. En 1913, la famille s’installe à Duisans, au carrefour qui porte aujourd’hui le nom d’Henri POITOU. Henri fait ses études à l’école Saint-Joseph d’Arras, tandis que ses parents deviennent exploitants agricoles.
Le 19 décembre 1925, Henri effectue son recensement militaire où il apprend qu’il est ajourné. Le 6 février 1926 il se voit classé en « service armé ». Il passe ensuite 18 mois au 6ème régiment de Chasseurs de Saint-Omer. Il y reçoit un certificat de bonne conduite et termine son service avec le grade de Maréchal des Logis.
Le 13 avril 1931, il entame une période d’exercice de 21 jours au 9ème régiment de Dragons d’Epernay. Cette même année, il épouse Berthe VALLET de Maroeuil avec qui il eut un fils, Jean, en 1936. En 1937, un second exercice militaire l’emmène à Saint Avold au 18ème RCC.
Le 2 septembre 1939, Henri est affecté au dépôt colonial 209 comme sergent-instructeur. Il passe au 12ème régiment de tirailleurs Sénégalais le 17 janvier 1940.
Le 18 mai 1940 Henri est atteint au pied par un éclat d’obus. Il est soigné à l’hôpital auxiliaire des sourds-muets de Poitiers. Il en sort le 9 juin pour être diriger sur l’hôpital auxiliaire de Châtellerault installé au lycée des garçons. Il n’a toujours pas été opéré et a toujours l’éclat d’obus dans le pied droit. Finalement, il sort du centre de convalescence d’Agen le 29 juillet 1940, toujours avec l’éclat d’obus dans le pied ! Cet éclat d’obus lui a été enlevé le 27 mars 1941 par le docteur BRASSART (18, rue des Capucins à Arras).
Puis Henri POITOU entre dans la lutte clandestine (chef de secteur du Plan Tortue) : sabotages divers. Il entre dans les Forces Françaises de l’Intérieur région A, est participe à des actions directes contre l’ennemi à partir du 15 juin 1943 (d’après un certificat du docteur DUFLOT, chef départemental de l’Organisation Civile et Militaire.
Le 1er septembre 1944, douze hommes répartis en quatre groupes s’engagèrent, chacun à une extrémité de la futaie, en tirailleurs, selon la méthode classique de l’attaque d’infanterie. A peine étaient-ils engagés que les coups de feu claquèrent, les allemands n’étant pas résolus à se rendre. Le premier, Henri Poitou tomba, et peu après, Louis Chevalier s’écroulait lui aussi, atteint d’une balle.
Devant cette riposte, les attaquants se replièrent, réussissant cependant à capturer deux prisonniers. C’est alors qu’ils s’aperçurent de l’absence de leurs camarades. Point question de les abandonner et de nouveau les survivants repartirent à l’attaque. Ils réussirent à ramener les corps de leurs frères d’armes en même temps qu’ils faisaient prisonniers les autres combattants ennemis.
Pour Louis Chevalier, hélas, tout était fini. Henri Poitou, par contre, respirait encore. A l’aide d’une échelle trouvée à peu de distance, brancard improvisé, le malheureux fut ramené à Wagnonlieu où un médecin d’Arras, le docteur Fournier, lui donna les premiers soins, avant qu’il ne puisse être dirigé sur la clinique Bon Secours.
Henri est grièvement touché en service commandé au bois Danzelle à Wagnonlieu. La fiche d’admission à l’hôpital portera la mention suivante : « plaie perforante du crâne par balle – coma – en chirurgie d’urgence ». Mais tout s’avéra inutile ; Henri Poitou expirait quelques heures plus tard.
Le 18 septembre 1944, Camille CoL, alias Racine, capitaine des Forces Françaises de l’Intérieur certifiera que le lieutenant Henri POITOU, commandant une section FFI a été grièvement blessé en chassant les Allemands d’un petit bois entre Wagnonlieu et Dainville et qu’il est décédé de ses blessures le 2 septembre 1944 à la clinique bon Secours d’Arras.
Il ne connaîtra pas sa fille, Marie-Henriette, née le 14 janvier 1945
Reconnaissance de la Nation :
Le 24 janvier 1945, le service central de l’état civil autorise la mention « Mort pour la France »
Le 9 février 1945, le colonel DHAUSSY, président de la commission départementale d’homologation, certifie que Monsieur Henri Poitou a été reconnu « Titulaire de grade de lieutenant »
Par décision n° 787, sur la proposition du Ministre de la Guerre, le président du Gouvernement Provisoire de la République Française, Chef des Armées, cité à l’ordre de l’armée à titre posthume, POITOU Henri, résistant de la D.G.E.R. « soldat de la résistance animé du plus haut sentiment du devoir. A participé à de nombreuses actions dirigées contre les communications de l’ennemi. Est tombé, mortellement blessé pendant les combats pour la libération le 1er septembre 1944 après avoir fait par son allant, l’admiration de ses camarades. Cette citation comporte l’Attribution de la Croix de Guerre 1939 avec Palme. Paris, le 1er juin 1645. Signé : DE GAULLE.
Le 1er septembre 1946 avait lieu l’inauguration du monument commémoratif pour Louis Chevalier et Henri Poitou. Inauguration du carrefour Poitou avec service religieux à l’église d’Etrun pour Henri Poitou.
Le 14 juillet 1946, à titre posthume, Henri Poitou se voyait attribuer le Médaille de la Résistance.
Par décret du 5 mai 1950, rendu sur la proposition du Président du Conseil des Ministres, du Ministre de la Défense Nationale, le Conseil de l’Ordre entendu, « sont nommés au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur, à titre posthume (faits exceptionnels de guerre et de résistance) les militaires dont les noms suivent, Louis CHEVALIER lieutenant, et Henri POITOU lieutenant.
Une cérémonie commémorative à lieu chaque année le 1er septembre au pied de la stèle du bois d’Hattecourt à Wagnonlieu, en présence de sa fille Marie-Henriette et sa famille, des anciens combattants, du Souvenir Français et du Conseil Municipal.